Rival Sons 2023 L'Olympia

Rival Sons

27 octobre 2023

Olympia

 

J’arrive à l’Olympia avec un peu d’avance sur l’heure que la salle m’a indiqué par téléphone dans l’après-midi. Bien m’en a pris puisque j’ai à peine le temps de jeter un œil au merchandising, le groupe monte sur scène avec 15 mn d'avance !

La scène est sobre, ornée du logo encadré des tigres de la pochette de Darkfighter le premier des deux albums sortis cette année, Lightbringer étant sorti la semaine dernière. 


 Deux albums d’excellente facture à qui je laisse le temps de la maturité pour savoir s’ils atteignent le niveau de chefs d’œuvres – le terme n’est pas usurpé – tels que Feral roots (2019) ou Hollow Bones (2016). Si je devais désigner le meilleur groupe de (hard) rock actuel, ce serait Rival Sons dont la discographie conséquente (8 albums que l’on retrouve par ex. chroniqués ici) ne comporte aucune faiblesse (le podium de ce panthéon personnel pourrait leur être disputé par the Answer, dont les trois derniers albums Sundowners/Solas/Rise sont incontournables, j'attends avec impatience de voir ces derniers en avril prochain au Petit Bain).

Les cinq américains montent sur scène avec un extrait du nouvel album, Mirrors enchaîné sur Do Your Worst dont le riff mémorable en a fait un classique de leur répertoire. L’Olympia est complet et le public survolté. Les regards convergent vers le chanteur Jay Buchanan et le guitariste Scott Holiday tandis que, relativement effacés, le bassiste Dave Beste, le batteur Mike Miley et le tout nouveau clavier assurent sans faille. Très flower power dans la dégaine, Jay arbore un ensemble rouge et arpente pieds nus la scène pour interpeler le public qui réagit très positivement à ses sollicitations.

C’est ensuite Electric Man, tiré de Great Western Valkyrie (2014) dont le riff mérite également de passer à la postérité. Retour vers un morceau récent, Rapture où Jay utilise une guitare acoustique qui reviendra fréquemment ce soir. Le final est salué par des applaudissements ininterrompus durant un long moment, le groupe y est sensible et laisse la salle unanime s’exprimer. Un tel enthousiasme alors que nous ne sommes qu’au quatrième morceau est rare. Les musiciens puisent dans cet engouement une énergie supplémentaire qu’ils nous restituent à leur tour, c’est le cercle vertueux des meilleurs concerts. Darkfighter est suivi du grisant Open My Eyes dont le cri lancinant "Somebody"  entretient l’ardeur du public qui participe à pleine voix.

Le choix de placer des solos durant le spectacle est un peu daté, celui de batterie est clairement dispensable mais il est possible qu’il réponde aussi à un besoin d’une courte pause de Jay. Il était paraît-il en  petite forme lors de l'étape à Bordeaux et (seulement) correctement remis à Lyon ; ce soir c'est une énergie débordante avec une puissance et une émotion peu communes. A mon sens, et comme je l’avais déjà ressenti lors de leur passage dans cette même salle en 2019, il est l'un des rares chanteurs à être encore plus impressionnant en live qu'en studio ! 

Quoiqu’il en soit le solo de batterie ne dure heureusement pas. Sweet Life, issu du tout nouvel album, rencontre un fort écho mais ce n’est rien en comparaison d’un fantastique Pressure and Time où tout l’Olympia scande le "Can we build it up" ! Jordan, tiré de Head Down (2012) offre un tempo lent où l’émotion est toujours à fleur de peau. 

Scott Holiday à la mise particulièrement soignée abat l’essentiel du boulot à la guitare ; il change d'instrument d’ailleurs presqu’à chaque morceau, impossible de savoir combien auront été utilisées ce soir, y compris des modèles à double manches comme sur le magnifique Feral Roots, dont le démarrage acoustique  se transforme en orage électrique, et sur Darkside qui ont suivi Bird in the Hand. C’est un guitariste fin et précis, doté d’une véritable présence scénique. En revanche le long solo qui ponctue Face of Light est inutile (mais peut-être là aussi, vient il permettre à ses coéquipiers de souffler un peu) ; Jimmy Page faisait beaucoup plus long dans les années 1970 mais de tels excès sonores et égotiques ne sont fort heureusement plus de mise aujourd’hui. 

Le très gospel Shooting Stars (Feral Roots), particulièrement adapté à une version acoustique, permet de remobiliser la salle avec un Jay Buchanan qui manie le tambourin, renforçant ce parfum de seventies, dans la tradition par exemple des Black Crowes en proposant un hommage vivifiant, à rebours d’une nostalgie passéiste. L’interaction entre le groupe – Jay et Scott captivant l’attention – et le public est intense.


Le magnifique Too Bad tiré du même album précède le tout nouveau Mosaic. Keep On Swinging clôture la soirée (sans rappel) dans une liesse absolue. Au final 7 titres issus des deux albums de cette année – et l’épreuve de la scène est passée avec succès –, une dizaine d’autres se répartissant équitablement entre les différents albums à l’exception du premier et surtout de l’extraordinaire Hollow Bones que l’on supposera mis à l’honneur une prochaine fois.

Deux heures d’un show chargé d’électricité et placé sous le signe d’une communion avec le public – la dimension religieuse de ce terme se justifiant aisément par l’empreinte de l’éducation de Jay Buchanan au sein d’une famille pentecôtiste qui l’a manifestement marqué d’une profonde spiritualité (voir l’interview dans le magazine Rock hard de octobre 2023). Ce soir en tout cas, la transe n’était pas réservée à ceux qui sont croyants, tout le monde en a profité pleinement !

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